Rousseau et la question de la religion par Ghislain Waterlot
Cette conférence a été prononcée en 2010 au lycée Vaugelas de Chambéry, par Ghislain WATERLOT, Maître de conférences de philosophie à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Genève et Directeur de l’Institut Romand de Systématique et d’Éthique.
Elle était organisée dans les cadre de la formation des professeurs de philosophie de l'académie de Grenoble et du tri-centenaire de la naissance de Rousseau. Le texte qui suit est celui d'une autre conférence donnée aux Charmettes par Ghislain Waterlot, sur le même thème, en 2009.
Rousseau et la question de la religion : Religion et politique : un lien nécessaire ?
La religion a toujours occupé une place importante dans la vie de Rousseau. A titre personnel d’abord : il déclare à la fin de son existence qu’il a toujours cru, et il s’estime lui-même, face aux détracteurs de tous bords, « vrai chrétien ». Mais le plan politique compte aussi. A la fin du Contrat Social, Rousseau affirme en effet la présence indispensable de la religion dans l’État sous les espèces d’une religion civile. Une telle affirmation a suscité la haine des autorités de son temps et l’incompréhension de la postérité. Pourtant cette religion ne constitue ni la prémisse du totalitarisme, ni la manifestation de l’incohérence du système de Rousseau. La religion civile proposée n’est ni un simple compromis, ni un concept contradictoire. Cette religion politique est cohérente, malgré les apparences. Elle a un sens précis qui s’accorde avec les principes de Rousseau, et l’on peut même penser qu’elle constitue un concept pertinent pour y voir plus clair dans certaines questions politiques contemporaines.